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MASSACRE ELECTORAL

 

 

L'armée française vient encore d'accomplir un de ces exploits auxquels elle nous a habitués: ses troupes de choc ont mis huit heures pour massacrer dix-neuf rebelles. Une fois de plus des kanaks sont morts au profit de magouilles électorales.

ILS SONT MORTS PARCE QU'ILS NE VOULAIENT PAS ÊTRE FRANÇAIS . Comme nous les comprenons! Nous non plus, nous ne voudrions pas être français. Nous ne voulons rien avoir de commun, pas même cette abstraction juridique: une nationalité, avec les assassins du GIGN et de la DGSE, avec leurs chefs socialistes ou chiraquiens. Immigrés de la deuxième, troisième ou douzième génération, nous n'en avons rien à foutre de cette identité française dont les politiciens nous rebattent les oreilles. Là où nous habitons, voilà longtemps que l'économie -cet autre nom du capitalisme, a vidé de toute réalité positive une quelconque référence à des " racines " .

Les kanaks ont sur nous ce douloureux privilège de vivre dans une communauté encore rebelle à la rationalité moderne -c'est-à-dire, capitaliste. Les nervis OAS et la soldatesque qui les massacrent sont l'avant-garde d'un rapport social qui place au premier plan la concurrence entre individus et la soumission générale à ce monstre abstrait: l'économie. L'art de vivre des kanaks a gardé la marque de ce que nous avons oublié: une façon d'être ensemble qui ne se monnaie pas.

Ces hommes qu'on massacre sont nos frères. Avec eux, en ces jours de honte pour tous les humains, nous crions: A BAS LA FRANCE!

Des partisans de la communauté humaine, 1988