Du 25 au
30 janvier 2001 s'est tenu le premier Forum social mondial à
Porto Alegre (Brésil). Ce sommet avait pour but de formaliser
une sorte d'Internationale citoyenniste , et de faire des
propositions concrètes en vue de lutter contre la mondialisation.
Ce Forum se tenait en parallèle avec le Forum économique
mondial de Davos.
Cette rencontre est pour le citoyennisme un pas de plus vers ses insolubles
contradictions. Voulant se démarquer des casseurs qui
accompagnaient systématiquement les manifestations contre les
instances internationales qu'ils critiquent, ils se voient contraints
à concilier crédibilité et radicalité
.
Les citoyennistes en avaient assez de risquer l'amalgame avec les
casseurs . On sait qu'à l'occasion ils n'ont pas hésité
à se faire auxiliaires de police. Ces casseurs leur donnaient
cependant un petit parfum sulfureux susceptible d'attirer la sympathie
de quelques contestataires égarés. A l'heure de
la respectabilité, comment vont-ils désormais résister
aux louanges des maîtres du monde ?
L'heure est venue, disent-ils, de faire des propositions concrètes
-A qui vont-ils faire ces propositions ? Et quelles seront-elles ? Ont-elles
la moindre chance d'aboutir ?
Comment concilier l'effacement de la dette du Tiers-Monde, favoriser
la production destinée aux marchés intérieurs
, avec les intérêts du capitalisme ? Les pays du premier
Monde accepteront-ils de limiter leurs exportations, de cesser le
pillage systématique des ressources, pour permettre à
l'humanité de manger à sa faim ?
Les intérêts des agriculteurs brésiliens sont-ils
les mêmes que ceux des agriculteurs européens, dans le
cadre de la mondialisation? Les citoyennistes siègeront-ils bientôt
officiellement au FMI ?
José Bové sera-t-il bientôt sous-secrétaire
d'Etat à l'agriculture ? Que fera, en France, la Confédération
Paysanne lorsqu'elle sera dominante dans les Chambres d'agriculture?
Pour qui nous demanderont-ils de voter, pour faire appliquer ces fameuses
propositions positives ?
Autant
de questions qui ne tarderont pas à se poser cruellement à
l'Internationale citoyenniste .
Pour l'instant,
de leur aveu même, ils ont moins de propositions à faire
qu'un exemple à proposer: celui du lieu même où
s'est déroulée leur réunion, la ville de Porto
Alegre. La gestion de cette ville serait paraît-il un modèle
de démocratie directe on dit plutôt "participative
.
On voit ici ce qu'est réellement une politique citoyenne
: 10 à
15 % du budget de la municipalité est géré
plus ou moins directement par les citoyens , pour ce qui concerne
les transports, l'éducation, etc... En réalité,
moins de 10 % de la population intervient dans ces choix. Les autres
ont sûrement autre chose à faire, survivre, par exemple.
Ces 10 % de population, ce sont bien les citoyens 1 la classe
moyenne de gauche.
On voit où se situe pour eux la citoyenneté : dans
le fait que les gens aient leur mot à dire , soient écoutés
, pour tout ce qui concerne le quotidien , les transports, l'école
: le citoyen , c'est l'usager.
La citoyenneté c'est le rapport entre l'usager et la Mafia
de ses élus, qu'il doit caresser dans le sens du poil s'il veut
obtenir satisfaction. Ceux qui ont le pouvoir consentent à écouter
ceux qui reconnaissent ce pouvoir, et seulement ceux-Ià.
Cette démocratie participative entend faire passer sous
les fourches caudines de l'Etat, via ses représentants, toute
forme de contestation et de revendication. Se dire citoyen, c'est
reconnaître d'emblée ce rapport de domination, c'est embrasser
la bague du Parrain: le ministre, l'élu.
Il en est d'autres qui n'ont rien à revendiquer, qui savent n'avoir
rien à attendre de cette Mafia, qui refusent le racket citoyenniste.
Ceux-Ià ne sont pas citoyens.
Nous ne sommes pas « citoyens »!
Une
brochure intitulée « L'impasse citoyenniste » est
disponible contre un timbre à 3f50 à cette adresse:
«
en attendant » 5, rue du Four - 54000 Nancy
e-mail: en_attendant@hotmail.com